Sara Tavares est une sublime lauréate musicale d'origine capverdienne qui a élu domicile à Lisbonne.
A 16 ans, Sara Tavares remportait déjà des concours de chant populaires. Aujourd'hui, quelque 10 ans plus tard, elle séduit nos coeurs et nos oreilles avec son magnifique, et de fait très équilibré, troisième album 'Balancê' (paru sur Worldconnection et distribué par Munich Records). DE STANDAARD en parlait ainsi: '...magistral et créatif... les multiples détails sont parfaitement intégrés... un voix chaude et limpide qui séduit, qui charme au fil des histoires qu'elle nous raconte... un chant en parfait équilibre avec la poésie de la langue portugaise... une joie dans la voix... une atmosphère délicieuse.'
Sur 'Balancê', Sara Tavares s'est attelée à un maximum de tâches: elle y chante (en portugais, en créole, en anglais...), y joue de plusieurs instruments et se charge de la production. Choses qu'elle parvient à rendre admirablement bien sur scène comme elle a pu le démontrer lors de sa tournée 2006 en Flandre.
« Il y a une communauté importante de capverdiens et autres africains, ici à Lisbonne, puis à Paris, à Boston, et un peu partout…avec une sorte d’identité brouillée » explique la jeune lisboète de 27 ans. « Notre génération se sent perdue parce qu’on n’a pas de culture propre ».
« Quand je discute avec mes amis, je me rends compte que c’est une communauté très intéressante, explique Sara. On parle dans des argots portugais, angolais, quelques mots de créole capverdien et bien sûr un peu d’anglais. Déjà dans le créole, il y a des mots anglais et français. Les esclaves du monde entier devaient trouver un moyen de communiquer sans parler les mêmes langues. Nous sommes une culture métisse. »
Dans l’album, un jeu de mots multilingue nous est offert, et Sara slalome entre les références culturelles et vogue entre les répertoires. Le titre de l’album Balancê que l’on prononce « Balançait » a plusieurs significations. Le nom « Balancê » est utilisé en portugais pour une musique qui balance.’’ D’une façon plus générale, les Africains lusophones utilisent le verbe « balancê » pour tout ce qui est bon, un bon plat par exemple.’’ ‘’Pour moi la chanson Balancê évoque l’équilibre, continue Sara. Entre tristesse et joie, entre jour et nuit, sucré et salé. L’équilibre des émotions. Tu es toujours en train de marcher sur un fil et tu dois garder ton équilibre. Tu te dois de danser avec ce fil afin de rester debout. Si tu es trop rigide, tu tombes. J’étais au Zimbabwe, il y a quelques années, et j’ai vu des gens ivres danser, rit Sara. On les regardait, ils étaient sur le point de tomber et se rattrapaient. Juste comme ces gens, je veux danser avec cette liberté et cet équilibre. » La voix douce et lumineuse de Sara, les arrangements harmonieux de ses propres compositions traduisent ce sentiment même si on ne comprend pas les textes. Sa voix a un pouvoir de guérison, celle de quelqu’un qui a lutté pour sa place dans le monde puis s’est acceptée totalement. C’est la voix d’une femme délaissée par ses parents. Dans la perpétuelle recherche capverdienne pour une vie meilleure, son père partit pour l’Amérique et sa mère dans le sud. Sara fut élevée par une portugaise âgée.
À travers la musique, elle a cherché une famille et des racines, avec l’aide de musiciens africains de Lisbonne et d’autres au Cap-Vert où elle se rend chaque année. «L’album dans son ensemble serait comme une suite de berceuses adressées à moi-même. Tous ces messages parlent de l’estime de soi, d’amour-propre. Aimer ce que l’on a de différent. Accepter tous les côtés de ta personnalité ».
"Je l'ai connnue à l'Eurovision il y a peut-être 10 ans de cela et déjà sa voix m'avait marqué. Récemment en France, Sara Tavares s'est produite au Satellit café où elle nous a fait part d'un monde bien à elle, imposant ses origines. Nous sommes bien loin de la petite chanteuse de l'Eurovision. Une femme naturelle et une interprète incroyable, nous n'avons aucun mal à nous laisser guider par le son de sa voix."